JB Moundele

L’instinct, plutôt que les raisonnements intellectualisés. La spontanéité, plutôt que les calculs. C’est avec ces principes que JB Moundele définit son approche de la musique, voire même de l’existence en général. Lui qui reconnaît avoir toujours été en décalage avec la France et sa société de consommation a trouvé en Afrique une façon de fonctionner qui correspond pleinement à sa
vision de la vie. Le« Blanc Noir» Jean-Bapstiste Dobiecki, natif de Paris, est donc devenu JB Moundele un nom fabriqué à partir de l’expression “moundele n’dombi” qui signifie “le Blanc Noir” en lingala, au Congo. le saxophoniste nourrit aussi de longue date une passion pour le jazz. Avec une attirance particulière pour l’univers du groupe Weather Report et son concentré de talents (Jaco Pastorius, Joe Zawinul, Wayne Shorter}, qu’il découvre à l’adolescence, ou encore celle de Miles Davis qui a traversé les courants au cours de sa carrière . Il cite aussi Grover Washington Jr, Kenny Garrett puis l’incontournable John Coltrane, qu’il trouve rapidement sur son chemin. Il achète son premier sax à 18 ans et prend des cours à la maison des jeunes et de la culture. Menuisier de
formation, il se fait embaucher à Apt, dans le sud de la France. Un emploi “mal payé et pas intéressant du tout” qui le place dans des dispositions favorables pour être rattrapé par la musique. Ses prestations locales lui permettent de se faire repérer par le groupe “Raoul Petite” avec lequel il fait ses premières tournées et deux
albums. Trois semaines à New York, incontournable capitale historique du jazz, produisent sur lui un effet à long terme. “Un moment clé”, lâche-t-il. Là-bas règne un état d’esprit différent: Les musiciens qui sont très forts vous ouvrent les bras. Il y a un sens de la transmission, du partage. “Ça m’a ouvert mentalement. J’ai compris que la musique, ce n’est pas faire dix mille notes mais une
façon de toucher les gens, de groover. Et qu’il ne faut
pas se limiter”. A son retour de l’autre côté de l’Atlantique, à Paris, JB fréquente Tiacoh Sadia, batteur ivoirien qui s’est illustré entre autres pour le compte de Salif Keita, Mory Kante, Jacques Higelin et réside aujourd’hui aux États-Unis . Il travaille les rythmes
africains, à l’égard desquels il ressent une forme de
proximité. Avec le Camerounais Gino Sitson, “le Bobby
Mc Ferrin africain”, il approfondit ses connaissances et
s’installe un peu plus sur ce terrain d’un jazz métissé.
En 2000, il l’accompagne dans son pays pour prendre part à un festival : premier voyage sur ce continent pour le Français et coup de coeur immédiat, une «révélation», d’où le titre de son avant
dernier opus. “Depuis, dès que j’en ai la possibilité, j’y vais. C’est un besoin”, ajoute-t-il. Ce qui représente à peu près un tiers de son temps. Bientôt deux décennies passées dans le groupe de Tiken Jah Fakoly ont contribué à satisfaire sa soif d’Afrique, JB va jouer au gré de ses rencontres avec Oumou Sanga ré, Salif Keïta, Ismael Isaac, Soum Bill, Yemi Alade, Extra Musica, Cheik Ti diane Seck, Alpha Blondy . . .
A force de se pencher sur les morceaux de ceux qu’il accompagne pour en comprendre le rythme, 1 ‘harmonie et la mélodie, il s’est approprié ces genres musicaux. Sa culture jazz s’est avérée utile
pour répondre à ses envies de composer. ” le fait d’improviser t’ amène à développer le côté créatif” et le pousse à la philosophie suivante: “Ne pas se mettre de barrières.” Son parcours est illustré par trois albums: Suites Africaines en 2009, Fanka Bi Na en 2012 ( talent RFI) et Révélation en 2016.
Il élargit aussi ses activités de compositeur pour musiques de films et documentaires et la transmission
(masters class et interventions en milieu scolaire).